BECQUETER, BÉQUETER, BECTER, verbe trans.
2. Fam., parfois arg., au fig. [Le suj. désigne une pers., une chose abstr. se rapportant à une pers., etc.]
b) Manger. Becqueter des clarinettes, des clopes, du bois (Esn. Poilu 1919, p. 117). Ne rien manger :
5. ... nous entourons notre cuistot et son aide, qui ont posé leur charge. Avidement on découvre les plats. −Qu'est-ce qu'il y a à becqueter ? Tout le monde à la fois interroge Bouffioux qui s'éponge. Dorgelès, Les Croix de bois, 1919, p. 78.
− Emploi abs. (cf. Zola, L'Assommoir, 1877, p. 769).
PRONONC. ET ORTH. : [bεk(ə)te]. Pour la répartition des graph. becqueter, béqueter dans les dict., cf. becquée. Cf. aussi Buben 1935, § 146. Fait partie des verbes qui changent l'e muet en [ε] ouvert (è accent grave) devant syll. muette : becquète, becquèterai. Au sens de « manger » la prononc. la plus courante des formes conjuguées est [bεkt] (je, tu, il(s)) dont la graphie correspondante est becter. Par ex. cf. A. Bruant, Dict. fr.-arg., 1905, p. 303, 304 ; A. Le Breton, Du Rififi chez les hommes, 1953, p. 214 ; ,,Les truands français ne bectent pas de ce pain-là [le chantage par rapt d'enfant]``; A. Le Breton, Razzia sur la Chnouf, 1954, p. 69.
ÉTYMOL. ET HIST. − b) 1690 fauconn. becqueter ou becher (Fur., s.v. becquer) ; d'ou c) 1707 pop. « manger, absorber » (Le Sage dans Esn. : Nos deùx oiseaux de proie − soupeuses galantes − recommencent à becqueter) ; forme béqueter 1914, arg. des soldats, forme becter 1926, arg. des malfaiteurs (Ibid.) ; 1945 part. passé fém. substantivé becquetée « petite quantité de nourriture, bouchée » (Ibid.). Dér. de bec* ; suff. -eter*.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 111. (tlfi:becter)
Général, plus usuel aux Parisiens et Parisianisés ; l'image est ancienne (Esnault1919)
- Action imagée passée des oiseaux aux être humains. (SAIN-TRANCH)
- Argot parisien courant d'avant-guerre. (Dauzat1918voc)