MOUCHARD, -ARDE, subst.
A. − Fam., péj.
1. Espion, indicateur de police (v. mouche II C 2). Synon. délateur, dénonciateur, donneur (arg.), condé (arg.), cafard (fam.). J'ai eu recours au ministère des mouchardes ; presque toujours j'ai été satisfait de leurs services (Vidocq, Mém., t. 3, 1828-29, p. 235). Être admis comme mouchard dans une préfecture de police (Villiers de L'I.-A., Corresp., 1866, p. 83) :
1. Si jamais l'homme doit sentir l'utilité, les douceurs de l'amitié, n'est-ce pas le lépreux moral appelé par la foule un espion, par le peuple un mouchard, par l'administration un agent ? Balzac, Splend. et mis., 1844, p. 141.
3. P. ext. Toute personne qui rapporte les faits et gestes de quelqu'un. Synon. rapporteur. Inutile de me demander au concierge, que je soupçonne de faire le mouchard (Courteline, Ronds-de-cuir, 1893, 4e tabl., 1, p. 122). 220 agences spécialisées entretenaient des légions de mouchards professionnels (Traité de sociol., 1967, p. 494) :
2. ... l'aspirant Zametkowski (...) fit libérer frauduleusement plus de deux mille prisonniers, en six mois d'un patient travail qui ne prit fin que sur la délation d'un mouchard. Ambrière, Gdes vac., 1946, p. 128.
− Emploi adj. Une couche sensible qu'ils dissimulaient (...) sous l'hypocrisie et la malignité moucharde (Arnoux, Solde, 1958, p. 266).
3. DÉFENSE. Avion destiné à la reconnaissance. Dans le Vercors, sous les rochers, près des braises dont il fallait cacher la fumée aux «mouchards» qui évoluaient dans le ciel, l'éducation populaire continuait (Cacérès,Hist. éduc. pop., 1964, 139).
Prononc. et Orth. : [muʃa:ʀ], fém. [-ard̥]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1567 « espion de police » (H. Junius, Nomenclator omnium rerum propria nomina variis linguis explicata indicans, 547 d'apr. FEW t. 6, 3, p.255a) ; b) 1828-29 subst. fém. ministère des mouchardes (Vidocq, loc. cit.) ; id. adj. fém. la gent moucharde (Id., ibid., p.75) ; c) 1889 La Moucharde « la police » (Macé, Mes lundis, p. 258) ; 2. a) 1571 « celui qui espionne quelqu'un, le surveille » (M. de La Porte, Epithètes ds Livet Molière t. 2, p. 123) ; b) 1850 subst. fém. « rapporteuse » (Labiche, Fille bien gardée, I, 5, p. 295) ; 3. ca 1821 « tableau indicateur » (Le Jargon ou Lang. de l'arg. réformé pour l'instruction des bons grivois, p. 9) Dér. de mouche* « espion » ; suff. -ard*. Fréq. abs. littér. : 168. (tlfi:mouchard)
- Il est essentiel de séparer ces mots d'une autre série qui se rattache à remouche = regarder épier : moucher a donné : mouche, mouchard, moucharder etc. (SCHW1889)
- Mézeray fait dériver ce mot d'Antoine Démocharès, nommé aussi Mouchy, sans doute parce qu'il était du village de ce nom en Picardie. Il était inquisiteur de la Foi et ses espions étaient appelés mouchards ; Ménage dit que le nom de mouchard vient de mouche parce que cet insecte va partout pour chercher sa pâture. Il semble que Mézeray ait raison car le mot n'est pas plus ancien que le règne de François II sous lequel vivait ce Démocharès. (FP)
- MM. les espions ne se doutent guère de leur origine. Ils descendent d'Antoine de Mouchy, du collège de Sorbonne, grand pénitencier de Noyon, l'un des juges de l'infortunée Anne Dubourg, qui faisait alternativement la chasse aux lapins de son parc, et aux hérétiques du royaume. Le peuple appelait ses valets et les gens qu'il entretenait à sa solde, des mouches, expressions dont a fait le mot mouchard. (Vidocq dévoilé, t.2)
- Celui qui « mouche » (de mucus, nez, qui renifle, renâcle, fourre son nez partout). (AYN)
- De mouche (=espion). (GR)
- Dér. de mouche* « espion »; suff. -ard*. (TLFi)
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